Démarche

Une mono-culture est une menace pour la bio-diversité et, donc, pour l'équilibre du vivant. On neutralise sa nuisance par l'alternance temporelle, au fil des saisons ou des années, de plusieurs mono-cultures.

Une mono-culture pérenne, telle que la vigne, est un danger contre lequel on peut se prémunir par une alternance spatiale de haies, de semis, de prairies, de jachères, de bois, de ruches, d'animaux sauvages et d'élevage, mais aussi d'hommes, d'art, d'histoire, de sens… c'est ce que nous essayons de faire à Maison Blanche.

Une mono-culture pérenne mono-génétique est une catastrophe qui, à terme, conduit à un déséquilibre, un appauvrissement et une dégénérescence contre lesquels il est difficile de lutter. C'est, pourtant, cette voie-ci qu'a choisie la viticulture française il y a plus de quarante ans. Sous couvert d'avancées scientifiques et d'optimisation, dont on commence à mesurer l'absurdité, les pépiniéristes ne peuvent plus vendre aux vignerons que du "matériel végétal" normalisé, entendez des plants clonés-certifés rigoureusement sélectionnés, ce qui signifie vendre les mêmes plants à tous les vignerons. Le seul moyen d'échapper à cette aberration est de s'engager dans une démarche de pépinière privée. C'est ce que nous avons fait après avoir réalisé qu'en replantant le nord de notre parcelle de Corbin, nous n'avions pas planté 15000 pieds mais 15000 fois le même pied ! Ce n'était pas très grave, près des deux-tiers de nos vignes sont des plants mis en terre par mon grand-père entre 1943 et 1964, mais c'était ma première grande plantation et ce fut l'occasion d'une prise de conscience.

Ainsi, depuis 2013, nous remplaçons les pieds morts par nos plants, issus de pieds qui expriment leur bonheur d'être ici depuis un demi ou trois-quart de siècle, ou de plants issus de sélections massales orchestrées par notre pépiniériste afin d'apporter de la diversité. Nous sommes conscients que l'idéal serait de refaire germer des pépins pour créer de nouveaux génomes mais c'est une autre histoire…

Les traitements préventifs contre les diverses maladies dont peut souffrir la vigne et stimulant son immunité ne contiennent plus, depuis l'automne 2005, que des matières naturelles, cuivre, soufre, quartz, plantes.

Tous les raisins nés à Maison Blanche sont certifiés biologiques (AB, puis Euro-Bio à compter de 2012) depuis le millésime 2009, bio-dynamiques depuis 2013 (Demeter). Ils sont vendangés mûrs ; ni verts (ils donnent des vins acides et aux goûts végétaux qui étaient parmi les principaux défauts des mauvais vins d'autrefois) ni blets (ils donnent des vins confiturés, sensibles aux déviations et sans tenue dans le temps, qui sont les défauts des « bons » vins modernes). Sur les terroirs historiques (26 hectares), le ramassage se fait à la main, dans des petits bacs ou des cagettes. Sur les petits terroirs (6 hectares) tout ou partie peut être récolté à la machine… ou pas : en 2014, tout le domaine a été vendangé à la main.